En 2018, en Alsace 360 viticulteurs sont engagés en agriculture biologique (9%), ce qui représente environ 20% de la surface totale du vignoble. Si l’on considère uniquement les vignerons indépendants (viticulteurs qui produisent eux-mêmes leur vin), ils sont environ 25% à être certifiés ou en cours de conversion.

Selon le ministère de l’agriculture, « l’agriculture biologique a recours à des pratiques de culture et d’élevage soucieuses du respect des équilibres naturels. En effet, elle exclut l’usage des produits chimiques de synthèse, des OGM et limite les intrants. » En ce qui concerne la vigne particulièrement, cela implique d’importantes réflexions et des enjeux techniques de taille: fertilité du sol pour lequel un enherbement présente de nombreux avantages (favorise l’activité microbienne, limite l’érosion) mais plus de travail (désherbage sans produit), vigueur de la vigne (les rendements chutent naturellement, notamment les premières années), lutte plus délicate contre les
maladies.

Parce que cela nous semble normal tout simplement. En fait, ce que l’on appelle à mauvais escient « agriculture conventionnelle » est la manière de produire depuis la fin de la 2e guerre mondiale. Il faut se souvenir qu’à cette époque, l’Europe était sinistrée; par ailleurs, le vignoble alsacien a été décimé par de nombreux conflits dans les environs de Colmar. Et le monde agricole a du s’adapter pour produire ce qui était nécessaire pour vivre, tout simplement, puis pour exporter. Le secteur étant devenu un formidable atout économique au gré de la mécanisation et des gains de productivité. Alors, la recherche du rendement est quasiment devenu, malgré eux, le seul critère pour les agriculteurs, aiguillés par nombre de « conseillers techniques » et la puissance de la nouvelle industrie chimique. Un problème (rendement, maladie, carence du sol)? Un produit « magique » est forcément là pour vous aider. Alors oui, pendant trois, quatre décennies la majorité des agriculteurs a perdu le lien avec leur véritable richesse: la terre, leur terre, notre terre. Aujourd’hui, par une prise de conscience généralisée (producteurs et consommateurs), la tendance s’inverse et l’on instaure des pratiques de préservation de la biodiversité et de redynamisation des sols. Le travail est immense, tant les dégâts sont profonds. Mais les connaissances existent. Des traités d’agronomie de la période romaine sont remis au goût du jour ou les écrits du célèbre philosophe Rudolf Steiner (entres autres) gagnent leurs lettres de noblesse. Ce juste retour à la terre est un défi que nous allons relever ensemble pour le bien de tous.

C’est une interrogation légitime que peut avoir le consommateur. En tant qu’entreprise engagée dans la démarche nous répondrons difficilement par la négative! Pour être objectif, disons que cette question ne se pose plutôt pas. Le vin biologique est différent, peut-être. Qualitativement il est sûrement bon. Compte tenu du matériel moderne et adapté dont nous disposons (pressoirs pneumatiques précis, cuves thermo-régulées, etc), tant que la vigne offre de beaux raisins, l’expérience et le savoir-faire du vigneron font le reste. Une chose est certaine: les vins issus de vignes conduites en agriculture biologique reflètent nettement mieux le « terroir », c’est à dire le lieu d’origine. En effet, sans artifice, les racines de la plante (qui rappelons-le peut vivre jusqu’a 80-90 ans et plus) s’enfoncent plus profondément et puisent les nutriments qui y sont enfouis, bref, tout ce qui fera le caractère du vin et qui procurera des émotions à l’heureux buveur. Et nous n’avons pas encore parlé de la résistance au changement climatique et au stress hydrique qui menace de nombreuses vignes…

L’agriculture biologique met en avant la biodiversité vitale pour le vignoble et pour les cultures en général. Une autre donnée importante est la vitalité des sols: leur fertilité. On peut « doper » rapidement et superficiellement la plante (engrais chimiques de synthèse), ou promouvoir une richesse du sol de manière plus naturelle et réfléchie par l’utilisation d’engrais issus de ressources renouvelables et compostées. Nous faisons bien entendu ce choix en mettant en place l’enherbement et des couverts végétaux. Et également un épandage de compost en hiver pour améliorer la structure de nos sols et apporter naturellement des éléments nutritifs. Précieux déchets pour redonner de la valeur à nos sols.